Le décès d’Ibrahima, une nouvelle rupture de confiance entre les citoyens et la police
Un nouveau décès dramatique. À nouveau des déclarations incendiaires. Une manifestation pacifique (15/01) de sympathisant qui dégénère. Encore deux camps qui s’affrontent. C’est un cercle vicieux. Il existe pourtant bien des solutions pour briser ce cycle délétère. Prenons les mesures concrètes qui s’imposent pour restaurer la confiance.
Apporter les mauvaises nouvelles rapidement et dans le respect
Commençons par réformer certaines procédures de police, comme le protocole de communication. Les parents d’Ibrahima n’ont été informés que tard et de manière confuse du décès de leur fils, ce qui ne contribue pas à créer la confiance. Et encore moins le respect. Appliquons des protocoles clairs prévoyant qui communique quoi et quand. Les proches y ont droit, surtout en cas de blessure grave ou de décès à la suite d’une intervention.
Offrir au citoyen la possibilité de réagir
Donnons des informations claires sur les procédures. Luttons contre le terreau de la défiance en introduisant des pratiques policières transparentes. Réformons les procédures de plainte. De nombreux citoyens n’ont que peu confiance dans le fait que leur plainte aboutira à quelque chose. Communiquons de manière large sur les possibilités pour le citoyen de déposer plainte s’il a le sentiment d’avoir été mal traité. Faisons en sorte que toutes les plaintes aient un suivi. Améliorons l’instruction indépendante de ces plaintes.
Intégrer davantage de Bruxellois dans le corps et assurer une meilleure formation
Le travail d’agent dans une grande ville peut être épineux et parfois aussi très stressant. Réformons la formation des agents en consacrant plus de temps aux difficultés spécifiques aux grandes villes comme la pauvreté, les quartiers densément peuplés de petits appartements et avec une grande diversité. Donnons aux agents la possibilités de lâcher la pression après une dure journée en consultant en psychologue ou entre collègues.
Assurons la clarté sur le droit de filmer des citoyens et sur l’utilisation des bodycams. Les citoyens ont bel et bien le droit de filmer les interventions, même s’ils ne peuvent pas rendre publics les enregistrements. Il faut des règles uniformes et claires pour tous en matière de bodycams.
Lançons des campagnes et créons des préformations pour intégrer davantage de Bruxellois dans le corps afin de renforcer la proximité avec le public. Organisons des patrouilles à pied ou à vélo. Les agents seront ainsi plus faciles à aborder, ils connaîtront mieux leurs quartiers et seront mieux à même d’évaluer les situations. Attaquons-nous au profilage ethnique : étudions le nombre de contrôles et leurs motifs. Les bonnes pratiques existent déjà. Réduire les contrôles d’identité inutiles permet de libérer du temps pour poursuivre les criminels.
Créer des liens et cultiver le respect
Donnons aux jeunes une meilleure vue du travail de police. Cultivons le respect pour les missions essentielles de la police, comme le fait le projet « Zo Geflikt » de l’asbl Uit De Marge, pour lequel corps de police, jeunes et travailleurs de jeunesse nouent le dialogue et partagent leurs expériences et connaissances. Mettons sur pied un forum permanent où jeunes, travailleurs de jeunesse et police nouent le dialogue sur les attitudes et les méthodes.
Sanctionner les violences
Une agente de police a été blessée lors des émeutes qui ont suivi la manifestation pacifique pour Ibrahima. Il s’agit d’un acte de violence injustifiable. Les violences contre les services d’ordre et de secours doivent être sanctionnées rapidement. C’est indiscutable. Mais n’oublions pas que ce sont l’État et la police qui ont le monopole de la violence. Ce qui implique une responsabilité écrasante et un devoir d’exemplarité absolu, même dans les circonstances les plus difficiles. Les agents qui ont fait preuve d’une violence disproportionnée doivent être sanctionnés également. Le racisme (pensons au groupe Facebook fermé Thin Blue Line) est inacceptable.
La confiance entre citoyens et police est une condition essentielle pour garantir un climat vivable à Bruxelles. Quand la violence, les interventions disproportionnées ou les émeutes se donnent à voir, c’est qu’il est déjà trop tard. Restaurer la confiance sera un travail de longue haleine. Mais c’est un travail indispensable. Ce n’est pas en campant sur ses positions que nous réglerons quoi que ce soit et éviterons de nouveaux morts ou blessés.
Les recommandations figurant ci-dessus sont tirées de la résolution approuvée le 18 décembre 2020 par le Parlement bruxellois. Le Gouvernement bruxellois se met à travailler sur la base de celles-ci. La Région bruxelloise est compétente en matière de prévention et de sécurité depuis la sixième réforme de l’État.
Beeld: vreedzame manifestatie van 15/1