Quelle aide pour les femmes enceintes toxicomanes ?
Les femmes enceintes souffrant d’addiction n’ont nulle part où se rendre. Bruxelles ne dispose pas d’équipes spécialisées. C’est problématique.
Les politiques de prévention ou de détection précoce de la toxicomanie sont rares. Pourtant, il vaut bien mieux détecter rapidement un problème et s’y attaquer le plus tôt possible.
De nombreuses femmes enceintes souffrant d'une dépendance restent dans l'ombre. Jusqu'à ce qu'elles arrivent à l'hôpital pour accoucher.
Cela suscite des émotions tellement fortes que nous oublions souvent la mère. La stigmatisation est si forte que la mère ne demande pas d'aide
Les gynécologues demandent parfois que bébé soit placé dans une famille d'accueil. Et ça s’arrête là. Les femmes toxicomanes ne bénéficient d'aucun suivi après l’accouchement.
Elles ont besoin d’un meilleur suivi mais aussi de davantage de prévention.
Un des rares bons exemples en Belgique est celui du projet GoiA, de la Free Clinic Antwerpen. L’acronyme GoiA signifie Gezinnen onder invloed Antwerpen (Familles sous influence Anvers).
Il s’agit d’une équipe mobile de travailleurs de rue, de psychologues, de travailleurs sociaux, de psychiatres et de médecins généralistes. Elle recherche les futurs parents en vue de leur apporter une aide. Car les personnes toxicomanes ne trouvent pas facilement le chemin des établissements de soins.
GoiA leur apporte une aide rapprochée, dispense des avis et oriente vers les aides adaptées. Pour les situations dangereuses, l’équipe peut toujours demander une admission forcée. L’objectif principal est alors de limiter les dégâts. harm reduction: het beperken van de schade.
Bruxelles n’organise aucune initiative de ce type. Mais il existe bien des équipes psychiatriques mobiles. Seulement, elles ne collaborent pas suffisamment. La coordination par la Plateforme Bruxelloise pour la Santé Mentale manque d’efficacité.
Y a-t-il des plans pour Bruxelles ? Je vais bientôt interroger le ministre Maron sur la question.
Droits des femmes
La consommation de drogue pendant la grossesse entraîne des dégâts pour le bébé. Les mères célibataires souffrant d’addictions graves ne sont pas en mesure de prendre soin de leur enfant. Ce sont des faits.
Bien entendu, les enfants ont le droit d’être protégés, avant comme après la naissance. Nous sommes focalisés sur l’enfant. Nous prenons des mesures importantes, et qui sont nécessaires.
Mais la situation suscite de telles émotions que l’on en oublie souvent la mère. La stigmatisation est si forte que la mère ne demande pas d'aide.
Or le droit à la santé pour la mère est plus que jamais d’actualité. Les droits des femmes sont menacés. Pensons à ce qu’il se passe aux États-Unis, où le droit à l’avortement est remis en question.
Ne l’oublions pas, les mères toxicomanes ont besoin d’aide, pendant la grossesse, mais aussi après l’accouchement.
En savoir plus ?
Lisez cette étude sur le traitement et la prévention suivant le genre pour des consommateurs d’alcool et drogues (UGent en HOGent).
« Vrouwen aan het woord over alcohol- en drughulpverlening », article sur le site du Centre flamand d’expertise Alcool et autres drogues (en néerlandais).
Image du documentaire Goede moeders de Jorien van Nes (2021), NL