Chambres d’hôtel vides : 5 pistes de réflexion

Les lits font cruellement défaut. La bonne nouvelle étant qu’il sont disponibles... dans les hôtels de Bruxelles.

Les besoins de logements sont criants à Bruxelles. Nombreux sont ceux qui doivent dormir dans la rue. Outre les personnes sans-abri « classiques », il faut compte avec les demandeurs d’asile (pour lesquels le fédéral doit prévoir un accueil), parmi lesquels des mineurs non accompagnés.

Les lits font cruellement défaut. La bonne nouvelle étant qu’il sont disponibles... dans les hôtels de Bruxelles.

Avec la pandémie de coronavirus et les mesures strictes de distanciation sociale, l’accueil classique des personnes sans-abri n’a pas pu utiliser tous les lits disponibles. De nouveaux lits ont été trouvés dans les chambres d’hôtel. 

Cet accueil a-t-il été un succès ? 

Le plus souvent oui selon l’analyse de Bruss’Help.

La possibilité de passer plusieurs nuits dans une chambre confortable a eu un effet significatif. Certaines personnes ont connu une véritable métamorphose après seulement quelques jours. Et ce alors qu’ils vivaient jusque là en rue dans des conditions dramatiques. L’équipe d’accompagnement, toujours sur place, a pu réaliser des progrès très rapidement. Certaines personnes sont parvenues à retrouver une vie normale. Se loger est le point de départ pour rebondir.

Mais ce coup de pouce n’a pas bénéficié à tout le monde. Les personnes sans-abri souffrant de problèmes psychiques ou d’addictions ont difficilement pu en profiter. Une assistance psychologique adaptée reste nécessaire. Mais les moyens financiers actuels ne permettent pas une offre suffisante.

Les personnes accueillies restaient également en journée dans les hôtels. Ce qui a permis d’encore alléger la pression pesant sur les centres de jour pour sans-abri.

Or la location de chambres d’hôtel revient cher. Même si certains sont moins chers que d’autres. En réalité, toutes les formes d’accueil sont onéreuses. Bruss’Help souhaite continuer son évaluation et procéder à une analyse approfondie des coûts d’hébergement dans les hôtels. Bruss’Help veut les comparer aux autres services d’accueil.

Des investissements supplémentaires dans des hébergements sûrs et une solution structurelle pour les personnes sans-abri restent quoi qu’il en soit nécessaires.

Des sans-abri sont-ils actuellement logés dans des hôtels ?

Oui, mais il faudrait davantage de places. 

Il y a encore six hôtels qui fermeront leur porte en juin 2022. Il y a 182 places disponibles. Les résidents y restent jusqu'à un an et reçoivent un accompagnement intensif pour trouver leur propre logement. Mais que se passera-t-il après juin 2022 ? Ces 182 personnes vont-elles retourner à la rue ?

Mais il reste encore de nombreuses chambres d'hôtel vides 

Il y a donc un potentiel important. 

Les hôtels de Bruxelles disposent de 16 768 chambres pouvant accueillir 38 692 personnes (= une moyenne de 2,3 personnes par chambre). Ces chiffres sont tirés du rapport annuel de visit.brussels de 2020.

En août 2021, le taux d'occupation des hôtels bruxellois était de 33 %. Nous faisons aujourd’hui face à la quatrième vague dans la pandémie de coronavirus. Le secteur touristique ne s’est pas encore remis. Environ deux chambres sur trois sont inoccupées.de van de kamers staat leeg. 

Les hôtels survivront-ils à la pandémie ? 

Certains s’en remettront, mais pas d’autres.

Il y a de grandes chances que les petits hôtels se retrouvent dans des situations difficiles. Ils ont moins de marges financières que les grandes chaînes. 

Voilà le nœud du problème : nous devons y réfléchir. Et ce dès aujourd’hui, car il existe actuellement un « réservoir » de 10 000 chambres inoccupées. Sans oublier le long terme. Car ce nombre de lits va augmenter. Plusieurs grands projets hôteliers sont en cours (Brouckère, WTC, Gare du Midi, couvent de Gésu, tour IBM...) depuis avant la crise sanitaire. 

Hôtels vides et besoin d’hébergements

Il y a vraisemblablement une offre excédentaire de chambres d’hôtel à Bruxelles. Dans le même temps, les besoins d’hébergement sont importants. 

Les listes d’attente pour obtenir un logement social sont longues. Certains ont bien un toit au-dessus de leur tête, mais leur logement n’est pas sûr, comme les jeunes LGBTQI+ qui ne sont pas acceptés chez eux ou des adultes (surtout des femmes) qui ont un partenaire violent. 

Les hôtels/chambres d'hôtel peuvent-ils répondre à d'autres besoins en matière de logement (en tant que logement collectif, logement familial, accueil temporaire, etc.) ? Faisons cette analyse, avec une typologie des hôtels/chambres d'hôtel et des options disponibles. En consultation avec le secteur hôtelier.

Il y a l'offre et la demande. Il nous reste désormais à les faire se rencontrer.

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